L’ultracrépidarianisme est le comportement qui consiste à donner son avis sur des sujets sur lesquels on n’a pas de compétence crédible ou démontrée.
Vous avez peut-être eu connaissance de la publication concernant le miel et les abeilles, issue d’une association se présentant comme « pour la défense des animaux ».
Puisque cette organisation reconnait elle-même parler sans savoir « À ce jour, L214 n’a pas enquêté sur les pratiques de l’apiculture », voici quelques informations réelles que vous pouvez vérifier vous-même si vous le souhaitez en venant visiter notre rucher.
« Le miel est récupéré en enfumant les abeilles ou en les éloignant à l’aide de répulsif, ce qui les stresse. »
Faux ! l’emploi de répulsif est interdit et aucun apiculteur n’utilise la fumée pour récupérer le miel car le miel prendrait alors le goût de cette fumée et serait immangeable. La fumée est néanmoins utilisée lors des visites sanitaires pour justement ne pas stresser les abeilles. Ces insectes communiquent avec des odeurs, les phéromones et l’ouverture de la ruche génère des signaux d’alerte émis par les abeilles « gardiennes ». La fumée masque ces signaux et la colonie ne recevant pas cette alerte du fait de la fumée continue de vaquer à ses occupations, sans stress.
Quand vous viendrez au rucher, après avoir diffusé très peu de fumée à l’entrée de la ruche, vous pourrez caresser les abeilles de la main et vérifier si cette fumée les a stressé 🙂
« La reine est tuée dès qu’elle devient moins productive » C’est vrai, mais ce sont les abeilles qui la tuent lorsqu’elle n’est plus capable d’assumer son rôle. L’important pour les abeilles, ce ne sont pas les individus mais le « meta-organisme » de la colonie : la colonie doit survivre coûte que coûte. Alors les abeilles tuent leur reine lorsqu’elle n’est plus en mesure de pondre correctement, elles mettent dehors de la ruche les mâles lorsque la période de fécondation est terminée, mâles qui meurent de faim car ils ne savent pas butiner, elles n’hésitent pas à cannibaliser les larves lorsque le pollen se fait rare. Toute abeille ne pouvant assumer son rôle est irrémédiablement supprimée par la colonie.
Les mâles sont tués pour recueillir la semence qui fécondera la reine ? Dans la nature, la reine qui fait son vol de fécondation arrache les parties génitales des mâles qui la fécondent, et ceux-ci meurent sans doute dans d’horribles souffrances.
Les apiculteurs « volent-ils » le miel des abeilles ? Les abeilles sont des insectes amasseurs. Il faut environ 50kg de miel à l’année pour faire vivre une colonie d’abeilles. Lorsqu’elles sont en quantité suffisante (30 à 60 000 individus), elles amassent une quantité impressionnante de miel, bien plus qu’il leur en faut pour leur besoin propre. L’apiculteur utilise cette particuliarité pour maintenir les conditions les plus favorables aux colonies d’abeilles et ainsi leur permetre d’amasser du miel en surplus, surplus qui sera récupéré. Dans la nature, les colonies d’abeilles subissent les prédateurs, les parasites et maladies. Elles ne peuvent atteindre un nombre d’individus suffisant pour stocker du miel en excès et souvent, si l’hiver est un peu trop long, meurent de faim.
Quant aux produits de remplacement proposés :
- le « nectar d’agave » : c’est une des réussites marketing des industries agro-alimentaires. Ce produit à risque pour la santé de l’homme (source) est manufacturé à hautes températures et cultivé principalement en Amérique du Sud, dans des pays où l’agriculture intensive, avec ses pesticides et engrais, entraîne une déforestation galopante et la disparition de nombreuses espèces animales et végétales.
- Le sirop de dattes : là aussi il s’agit d’un produit industriel, dont la culture remplace la culture vivriaire locale. Les population doivent donc acheter à prix forts leurs aliments pour pouvoir exporter leurs dattes et produits associés.
En conclusion, ce que cette association vous propose c’est d’échanger votre consommation d’un produit local, naturel et sans transformation, pour lequel vous pouvez vérifier par vous-même la qualité et la production par des produits industriels, fabriqués à l’autre bout du monde, en détruisant les forêts, affamant les populations locales et faisant disparaître de nombreuses espèces sauvages.
Alors pourquoi tenir ces affirmations erronées sur l’apiculture ? Elle y trouve sans doute son intérêt, comme l’écrivait dernièrement l‘Opinion dans son article.